Communiqué de presse concernant la fermeture de l’ONG « El Nadeem Center for Rehabilitation of Victims of Violence »

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La Rapporteure spéciale de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) sur la situation défenseurs des droits de l’homme en Afrique, Me Reine Alapini-Gansou exprime sa profonde inquiétude relative à la tentative de fermeture de l’ONG «El Nadeem Center for Rehabilitation of Victims of Violence » (El-Nadeem).  

Le centre El-Nadeem est une ONG égyptienne fondéeA en 1993 et dédiée à la lutte contre la torture. El-Nadeem fournit des soins médicaux aux victimes de la torture, assure le suivi de leurs cas devant divers organes et publie des rapports sur les actes de torture ainsi que les conditions de détention. El-Nadeem gère également un programme de lutte contre la violence contre les femmes.

Les informations reçues indiquent qu’en janvier 2016, un employé du ministère de la Santé a visité le bureau du centre El-Nadeem au Caire pour vérifier ses activités et auraient pris  une copie du document d’enregistrement de l’organisation. Le 17 février 2016, une délégation de la police serait entrée dans les locaux du centre El-Nadeem et a présenté un ordre de fermeture administrative « pour violation des conditions d’enregistrement » en faisant référence à la loi 453/1954 mais sans aucune précision.

D’après les informations qui nous sont parvenues, le 20 février 2016, un procès aurait été engagé par l'avocat d’El-Nadeem à la Cour administrative de première instance avec l'objectif de suspendre la mise en œuvre de l'ordre administratif. Suite à ce procès engagé par leur avocat, le 21 Février 2016, l'avocat et l’équipe de direction d’El-Nadeem ont visité le Ministère de la Santé où ils ont été informés que contrairement à la décision de fermeture administrative qu'ils ont reçue le 17 Février, aucune violation de règlement n’aurait eu lieu.

La Rapporteure spéciale est vivement préoccupée par cette situation qui nuit au bon déroulement du travail légitime des défenseurs des droits de l’homme en Egypte.

La Rapporteure spéciale voudrait attirer l’attention du Gouvernement de la République Arabe d’Egypte sur ses obligations à promouvoir et à protéger les droits des défenseurs des droits de l’homme conformément à la  Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et aux autres instruments juridiques régionaux et internationaux, notamment la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, les Déclarations de la Grande Baie et de Kigali. 

La Rapporteure spéciale invite à cet effet le Gouvernement Égyptien a tout mettre en œuvre pour rétracter l'ordonnance de la fermeture de « El Nadeem Center for Rehabilitation of Victims of Violence », cesser les actes de harcèlement judiciaire et d'intimidation contre les défenseurs des droits de l'homme et les organisations de la société civile, et de garantir que tous ces derniers sont en mesure de mener leurs activités légitimes des droits de l’homme sans crainte de représailles et libre de toutes restrictions.

 

Fait à Banjul, le 5 avril 2016

Me. Reine Alapini-Gansou

Rapporteure Spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme en Afrique