Communiqué de presse sur le massacre de 22 villageois dans la région de Tillabéri en République du Niger

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Communiqué de presse sur le massacre de 22 villageois dans la région de Tillabéri en République du Niger

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) suit de près l’évolution de la situation des droits de l’homme en République du Niger et exprime sa profonde préoccupation face au massacre de vingt-deux (22) villageois dans la région de Tillabéri, à l’ouest du pays, survenu le 16 septembre 2025, lorsqu’un groupe armé a ouvert le feu lors d’une cérémonie de baptême.

La Commission condamne avec la plus grande fermeté ces violences et exprime sa solidarité avec les familles des victimes ainsi qu’avec l’ensemble du peuple nigérien.

La Commission est d’autant plus préoccupée que cet acte d’une extrême gravité s’inscrit dans un contexte marqué par une recrudescence des attaques terroristes dans la région dite des « trois frontières », proche du Burkina Faso et du Mali, où les populations civiles sont régulièrement la cible d’actes de violence meurtrière.

La Commission relève avec inquiétude que la région de Tillabéri a connu depuis le mois de mars dernier une série d’attaques similaires imputées à des groupes armés islamistes, au cours desquelles près de 150 civils ont été exécutés délibérément, des maisons incendiées et pillées, et des lieux de culte attaqués.

La Commission africaine rappelle que le terrorisme constitue une violation grave des droits de l’homme, tels que garantis par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (la Charte), notamment les articles 4 et 5 relatifs au droit à la vie et de la dignité humaine, et une menace pour la paix, la sécurité, le développement et la démocratie.

La Commission rappelle par ailleurs que l’État nigérien, en tant que partie à la Charte africaine et à d’autres instruments pertinents, a l’obligation de protéger toutes les populations civiles vivant sur son territoire, de prévenir les violations, de diligenter des enquêtes rapides, indépendantes et impartiales sur les attaques, et de traduire les auteurs en justice, car l’impunité persistante ne peut qu’alimenter la répétition de tels crimes.

La Commission africaine invite les autorités nigériennes à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la protection des communautés rurales, en renforçant la présence sécuritaire dans les zones les plus vulnérables, en améliorant les mécanismes d’alerte et en apportant une assistance humanitaire, médicale et psychosociale aux victimes et aux familles endeuillées.

Enfin, la Commission réitère son invitation à l'Union africaine ainsi qu'à la Communauté internationale pour redoubler d'efforts afin de combattre le terrorisme et consolider les actions et les initiatives lancées dans la prévention et la lutte contre le terrorisme au Niger et dans d'autres pays du Sahel, tout en prenant en considération ses « Principes et Directives sur la protection des droits de l’homme et des peuples dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en Afrique » (2015).

Fait à Banjul, le 18 septembre 2025.

Honorable Commissaire Selma SASSI-SAFER

Commissaire en charge de la situation des droits de l’homme en République du Niger