Communiqué de presse sur l’octroi du statut de réfugiés pour des demandeurs d’asile burkinabés et maliens par la République de Côte d’ivoire

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Communiqué de presse sur l’octroi du statut de réfugiés pour des demandeurs d’asile burkinabés et maliens par la République de Côte d’ivoire

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) prend note, avec satisfaction, de l’arrêté interministériel du 2 juillet 2025 par lequel la République de Côte d’Ivoire a reconnu le statut de réfugié à un large groupe de demandeurs d’asile originaires du Burkina Faso et du Mali, notamment les personnes enregistrées depuis mai 2021 après avoir fui les violences vers le nord de la Côte d’Ivoire. Selon les informations parvenues à la Commission, cette mesure concerne plus de 69 000 Burkinabè et environ 1 500 Maliens.

La Commission salue cette décision, qui donne effet aux obligations découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (dignité, non-discrimination, droit de chercher et d’obtenir asile) et de la Convention de l’OUA de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique. Elle rappelle que l’article I(2) de cette Convention, par sa définition élargie du réfugié “personnes contraintes de quitter leur pays en raison d’événements troublant gravement l’ordre public”, autorise, le cas échéant, des reconnaissances groupées (prima facie) afin d’assurer une protection rapide et conforme au droit régional.

La Commission souligne que la reconnaissance du statut consolide la garantie de non-refoulement et facilite l’accès effectif aux droits attachés à ce statut notamment la documentation, l’accès aux services essentiels, l’unité familiale, et a liberté de circulation conformément à la loi. 

Tout en félicitant la République de Côte d’Ivoire pour cette avancée majeure de protection, la Commission encourage la pleine opérationnalisation de l’arrêté susmentionné (délivrance diligente des documents, voies de recours effectives) ; la mobilisation de ressources nationales et l’appui international au bénéfice des communautés hôtes, ainsi que la poursuite de la coopération entre autorités ivoiriennes, institutions nationales des droits de l’homme, Haut Commissarait des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et partenaires humanitaires. 

La Commission invite enfin les autres États parties à la Convention de l’OUA de 1969 à envisager, lorsque les circonstances factuelles l’exigent, des mécanismes de reconnaissance adaptés aux déplacements massifs, dans le strict respect des droits de l’homme et des garanties procédurales.

Banjul 24 novembre 2025
Honorable Commissaire Selma SASSI-SAFER
Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacés internes et les migrants en Afrique