Communiqué de presse sur la mort de près de 40 migrants au large de la République de Djibouti

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La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (la Commission) suit avec beaucoup d’attention la situation des migrants en République de Djibouti, un des principaux pays de transit pour rejoindre les États de la Péninsule Arabique, -à la recherche de meilleures conditions de vie, notamment le travail-, et à partir duquel démarre l'une des routes migratoires les plus meurtrières et les plus complexes d'Afrique et du monde.

La Commission est profondément attristée par le décès de 38 migrants, dont des enfants, dans un naufrage d’une embarcation au large du nord-est de Djibouti. Selon les informations parvenues à la Commission, 22 personnes ont été sauvées alors que d’autres sont portées disparues et présumées mortes.

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples présente ses sincères condoléances aux familles des victimes endeuillées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. 

La «Route de l’Est», empruntée par des milliers de migrants depuis la Corne de l'Afrique pour rejoindre les pays du Golfe Persique, représente l’une des routes migratoires les plus dangereuses,  non seulement à cause des risques de naufrages, de maladies, de conditions environnementales difficiles, mais également en raison des  différents abus commis par les passeurs et les trafiquants, tels la traite des êtres humains, le trafic des migrants et l'enrôlement forcé dans des groupes armés. 

Rappelant sa Résolution CADHP/RES. 486 (EXT.OS/XXXI1I) 2021 sur les migrants et réfugiés disparus en Afrique et les conséquences sur leurs familles, et suite à cette énième tragédie, la Commission exprime une fois de plus sa profonde préoccupation face aux disparitions continues des migrants dans différentes circonstances, dues notamment à la recrudescence des flux migratoires irréguliers et l’utilisation des routes migratoires les plus périlleuses. 

La Commission reste persuadée par ailleurs, que pour améliorer le sort des migrants et mettre fin à de tels drames, il est nécessaire de développer des voies régulières pour une migration légale, et que les politiques et les pratiques de gestion des migrations devraient être fondées sur le respect des droits hommes de tous les migrants.

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples rappelle aux Etats Parties leurs obligations pour prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité et la protection de tous les migrants, indépendamment de leur origine et de leur statut migratoire, et à toutes les étapes de leur parcours migratoire, découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et des autres instruments internationaux et régionaux pertinents,  y compris les « Principes directeurs africains relatifs aux droits de l’homme de tous les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile » (2023).

Hon. Commissaire Selma SASSI-SAFER
Rapporteure Spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées internes et les migrants en Afrique

Hon. Commissaire Hatem ESSAIEM
Commissaire en charge de la promotion et de la protection des droits de l’homme en République de Djibouti